Philippe II Auguste (1180-1223) by Bordonove Georges

Philippe II Auguste (1180-1223) by Bordonove Georges

Auteur:Bordonove, Georges [Bordonove, Georges]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Documents et essais, Biographies, Personnages historiques
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2013-12-14T23:00:00+00:00


IX

Les divertissements du roi Jean

Lorsque Jean sans Terre autorisait les barons anglo-normands à prêter serment à Philippe Auguste, il ne croyait probablement pas que l’occupation de la Normandie serait durable et, sinon, il n’avait pas réfléchi aux conséquences de la prestation d’hommage. Il était pourtant évident que ces seigneurs ne pourraient être à la fois vassaux de Philippe et de Jean ; tôt ou tard, ils devraient opter. Engagés envers le roi de France, ils ne pouvaient plus le combattre. Aussi, quand Jean sans Terre, enfin décidé à réagir, mobilisa son ost afin de débarquer en Poitou, il se heurta au refus des seigneurs anglo-normands. Fidèle à son mauvais génie, il les accabla de reproches, assaisonnés de menaces, leur imputant à faute ce qui était le fruit de son irréflexion ! L’exemple du Maréchal est typique de la mauvaise foi de Jean.

— Je sais, lui dit-il, que vous avez fait hommage au roi de France, contre moi et à mon désavantage.

— Sire, répondit le Maréchal, qui vous a dit de telles choses en a menti. Je n’ai rien fait contre vous, et ce que j’ai fait, je l’ai fait avec votre congé : vous-même m’avez dit de faire hommage au roi de France plutôt que de perdre ma terre.

— Pardieu, il n’en est rien. Je vous en donne le démenti, et je veux en avoir le jugement de mes barons.

On en resta là, mais peu après, comme l’armée se rassemblait à Portsmouth, le roi Jean appela le Maréchal et, à nouveau, lui reprocha de s’être allié contre lui au roi de France. Le Maréchal se découvrit et répondit avec respect :

— Sire, je vous dis encore que j’ai agi avec votre permission.

— Je vous en donne le démenti, mais je prendrai encore patience ; vous viendrez avec moi en Poitou, c’est ma volonté, pour reconquérir mon héritage contre le roi de France, à qui vous fîtes hommage.

— Ah ! Sire, grâce pour Dieu ! Ce serait cruel, puisque je suis son homme.

— Or, entendez, seigneurs, voilà une parole qu’il ne démentira pas. Vous voyez se découvrir son ouvrage, puisqu’il se dit l’homme du roi de France, et qu’il ne me suivra plus.

— Sire, je ne fus jamais faux ; et il n’y a si vaillant homme en votre terre contre qui je ne sois prêt à me défendre, s’il voulait prouver que j’ai mal agi envers vous.

— Par les dents Dieu ! Ce que vous dites ne signifie rien. Je veux un jugement rendu par mes barons.

— Je ne refuse pas et n’ai jamais refusé le jugement ; je suis prêt à l’entendre !

Le roi se toucha le front et s’écria :

— Seigneurs, regardez-moi. Je suis pour vous tous un exemple ! Faites attention au roi ! Ce qu’il pense faire de moi, il vous le fera à vous tous et pis encore s’il le peut !

Mais les barons se retirèrent un à un.

— C’est assez, gronda Jean. Par les dents Dieu ! Je vois bien qu’aucun de mes barons n’est avec moi.



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